Historique
Un passé modeste et riche à la fois
Les historiens ont tenté de retrouver l'origine des premiers seigneurs, maîtres du Ban de la Roche et par voie de conséquence de Neuviller. A partir du 13ème siècle, les sources mentionnent bien les Rathsamhausen-zum-Stein, mais leur arrivée dans la haute vallée de la Bruche est antérieure. Aussi veut-on voir dans la famille « de Rupe » (de la Pierre), qui apparaît dans un document en 1180, les ancêtres de nos Rathsamhausen. Il s'agit d'une famille venue en Alsace à la suite des ducs de Souabe, les Hohenstaufen. Ces derniers feront main basse sur les possessions du monastère de sainte Odile (Hohenbourg) et donneront les grandes forêts à l'ouest du Mont à cette famille « de Rupe ». Celle-ci construira ou occupera un château édifié à la fin du 12ème siècle ou au début du 13ème siècle au dessus de Belmont : le fameux château de la Roche. On peut donc admettre qu'à la fin du 12ème siècle, les seigneurs de Neuviller forment bien la branche zum Stein de la famille des Rathsamhausen.
Le nom même de Neuviller n'est cité qu'en 1434, bien longtemps après la formation de la seigneurie du Ban de la Roche. L'orthographe en est alors encore incertaine : Newilr en 1434, Neuweyler en 1581, Newiller en 1632. Un recensement de 1489 précise que le village de Neuviller-Ringenbach compte alors 8 maisons et une grange seigneuriale. On comptera 13 habitations en 1524 ; 20 en 1578 ; 209 en 1836 et 167 en 1905.
La fin du 16ème siècle est fort mouvementée dans cette région. C'est que les Rathsamhausen ont transformé le château de la Roche en repaire de brigands, pillant les convois, rançonnant les commerçants. L'affaire s'achève sur une véritable expédition punitive des Etats alsaciens et lorrains. Le château est rasé en 1469. La fortune des seigneurs subit ensuite divers revers qui les conduisent à une situation financière critique. Progressivement ils se mettent à vendre des biens, et en 1480, nous trouvons même les nobles de Mullenheim-Reichberg, reconnus par le tribunal de Rotweil comme propriétaires de plusieurs villages du Ban, et notamment Neuviller. Toutefois les Rathsamhausen vont réussir à racheter leurs droits et se voient reconduits comme uniques seigneurs du Ban. En 1577, Jacques de Rathsamhausen sera le dernier à se voir confirmer ce droit par l'empereur Rodolphe II. Pourtant, trois années plus tard, les tuteurs de Samson de Rathsamhausen obtiennent du même empereur l'autorisation de vendre la seigneurie au comte de Veldenz, seigneur également de La Petite-Pierre.
Depuis plusieurs décennies les Veldenz s'étaient intéressés à l'exploitation minière dans la région. Des tiraillements, émaillés de sérieux incidents, les avaient opposé aux Rathsamhausen. Cette vente mettait donc fin à une vieille querelle, d'autant plus qu'en 1579 les Veldenz obtenaient pour leur mineurs la protection impériale. Il en coûtera aux Veldenz 47.000 florins. L'évêque de Strasbourg et la ville d'Obernai tenteront bien de mettre des entraves à cette vente, prétextant que dans une région où il n'y avait que des seigneuries catholiques il n'était pas bon d'implanter d'irréductibles protestants ! il faut ajouter que le paiement de la vente traînera de longues années durant.
Voici donc Neuviller devenu domaine des comtes de Veldenz.
Mais ce temps de paix s'éteint avec la guerre de Trente Ans. Désormais, ce ne sont plus que ruines et morts. En 1648, après le passage de la soldatesque et de la peste, la seigneurie ressemble à un désert et c'est du Jura et de Suisse qu'arrivent les nouveaux habitants avec leurs noms de Malaisé, Valentin, Loux, etc…
Neuviller reste aux Veldenz jusqu'en 1694, année ou meurt Léopold-Louis de Veldenz, dernier du sang. Ses trois filles garderont l'usufruit des grandes propriétés du père. A la mort de Dorothée, en 1733, dernière survivante des Veldenz, c'est l'Intendant Royal, le seigneur d'Angervilliers qui devient maître du Ban de la Roche. Lui aussi ne laisse qu'une fille, Madame de Ruffec, qui transmettra la seigneurie en 1762 à son gendre, le sieur Paulmy de Voyer d'Argenson. Sous son mandat, la seigneurie du Ban de la Roche est élevée au rang de comté. Des difficultés financières vont le contraindre à vendre son bien au Stettmeister de Strasbourg : le baron Jean de Dietrich, qui va relancer dans la région l'industrie métallurgique. Mais déjà la Révolution pointe, elle va coûter la vie à de nombreux nobles et parmi ceux-ci le propre fils du baron. Las de tout ce drame, le baron de Dietrich vend la seigneurie à un autre maître de Forges : le sieur Champy qui exploitait depuis fort longtemps les mines de Framont.
Le 17 juin 1813, le maire de Neuviller participera à la fameuse signature du partage des forêts entre le sieur Champy et les communes de l'ancien comté. Ces dernières réclament 1/3 des surfaces forestières, plus 60 ha, ce que le propriétaire accepta. Les communes conservèrent d'abord les forêts en indivis, puis procéderont en 1843 à la répartition des surfaces en fonction du nombre d'habitants. Neuviller recevra 820 ha de forêts qui représentaient à l'époque une valeur de 71.979,71 francs.
Devenue importante commune forestière, Neuviller allait devoir également payer des droits nouveaux à la Révolution. On commence dès lors à rechigner et il faudra toute la patience du pasteur Oberlin pour calmer les esprits. Il reconnaît lui-même, dans une lettre, que ce sont d'énormes sommes extorquées aux pauvres gens.
Mais dans le Ban de la Roche, on s'était rapidement aperçu que l'Alsace était une province particulièrement taxée. Les départements voisins se tiraient bien mieux des contributions de guerre sans cesse réclamées. Aussi les paroisses du Ban demandèrent-elles à être rattachées aux Vosges, afin de payer moins de taxes. Finalement, arguant qu'elles étaient d'expression française dans une région parlant allemand, qu'elles étaient protestantes dans une région catholique, les communes de la paroisse de Rothau furent détachées en 1793 du département du Bas-Rhin et incluses au district de Senones, département des Vosges. Neuviller était devenue commune vosgienne. Il y aura encore quelques changements par la suite. A partir de 1797 et jusqu'en 1800, Neuviller dépendra du canton de Rothau, toujours dans les Vosges. De 1801 au 31 juillet 1871, la commune fait partie du canton de Schirmeck lui-même rattaché aux Vosges. Certes, entre-temps le pasteur Oberlin avait été chargé par diverses communes, dont Neuviller, de plaider leur cause pour être à nouveau rattachées au Bas-Rhin. Ce fut le refus des autorités, malgré la signature collective d'une pétition dans toute la paroisse.
Après la guerre de 1870/71, l'Allemagne demande la restitution de l'Alsace-Lorraine et rattache également la haute vallée de la Bruche à sa prise de guerre. Cette fois, Neuviller est rebaptisée Neuweiler. La commune est intégrée au canton de Schirmeck, arrondissement de Molsheim et département du Bas-Rhin. Après 1918, la commune demande à ce que son ancienne orthographe de Neuviller lui soit rendue. Peine perdue. La Préfecture décide en 1921 que Neuweiler reste valable. Aussitôt, le conseil municipal, en session extraordinaire du 24 août 1921, prend une ferme résolution en faveur de son ancien nom de Neuviller. Il finira par avoir raison !
C'est enfin par décret du 21 décembre 1961 (J.O. du 27 décembre 1961) que la commune de Neuviller prend le nom qu'elle porte aujourd'hui, du fait de sa situation géographique au Ban de la Roche : NEUVILLER-LA-ROCHE.
La localité comprend deux annexes : Riangoutte et La Haute-Goutte. Son altitude moyenne est de 550 m et la superficie du ban communal est de 913 ha.
Comme l'ensemble des communes du Ban de la Roche, Neuviller-la-Roche est jumelée depuis le 15 juillet 1984 avec la commune de WOOLSTOCK situé dans l'état d'IOWA aux Etats-Unis. Un nouveau jumelage avec trois communes d'Europe "Pour une Europe citoyenne" a été officialisé le 16 novembre 2008 avec la soutien de la commission européenne. Urros (ce partenaire a changé depuis et se trouve remplacé par la commune de Penela) au Portugal, Magherani en Roumanie et Stara Loka en Slovénie font partie de ce jumelage.
Le document scellant le jumelage avec WOOLSTOCK se conclut sur cette phrase signée Charles DE GAULLE :
« Vieille Terre, rongée par les âges, rabotée de pluie et de tempête, épuisée de végétation, mais prête, indéfiniment, à produire ce qu'il faut pour que se succèdent les vivants ».
Les maires depuis l'an 1800
1801 – 1804 : Christophe Kommer
1804 – 1812 : Jean Théophile Kuntz
1813 – 1816 : Gédéon Ahnne
1816 – 1827 : Jean-Michel Hisler
1827 – 1830 : Jean George Groshens
1830 – 1837 : George Fortuné Marchal
1837 – 1843 : Jean George Gagnière
1843 – 1846 : Gédéon Groshens
1846 – 1847 : Samuel Martin Verly
1847 – 1848 : Gédéon Groshens
1848 – 1852 : Jean George Marchal
1852 – 1871 : Jean-David Groshens
1871 – 1873 : Justin Koenig
1873 – 1877 : Jean George Hilpipre
1877 – 1883 : M. Koenig
1883 – 1886 : Alfred Deppen
1896 – 1906 : Alfred George
1906 – 1908 : George Ganière
1908 – 1919 : Charles Théodore Morel
1919 – 1945 : Paul Jacquel / l'intérim durant
la période de guerre fut assuré par le
Secrétaire René Groshens
1945 – 1953 : Jules Marchal
1953 – 1989 : Ferdinand Malaisé
nommé Maire Honoraire en 1989
1989 – 1995 : Henri Hisler
1995 – 2001 : Pierre Hilpipre
depuis 2001 : André Wolff